A Paris, au début du siècle, un mystérieux fantôme hante les sous-sols de l'Opéra de Paris. Un soir, il espionne la jeune chanteuse Christine en train de faire des vocalises. Elle est si belle qu'il en tombe amoureux...
Après le succès italien de sa précédente réalisation, Le syndrome de Stendhal (1996), Dario Argento a tourné en Hongrie son film le plus coûteux à ce jour: Le fantôme de l'opéra. Il y emploie sa fille Asia pour la troisième fois consécutive (après Trauma (1993) et Le syndrome de Stendhal). La musique est signée par Ennio Morricone, le complice de Sergio Leone. Pour jouer le rôle du fantôme, Argento a choisi Julian Sands, un acteur britannique à la filmographie très variée (La déchirure (1984) de Roland Joffé, Chambre avec vue (1986) de James Ivory, Le festin nu (1991) de Cronenberg, Million Dollar Hotel (2000) de Wim Wenders...).
Ce film a été considéré par les admirateurs d'Argento comme une grosse déception. D'abord, le casting ne tient pas debout: Julian Sands est un fantôme lamentable, et ses apparitions à l'écran déclenche chez le spectateur au mieux l'indifférence, au pire des ricanements (ses déclarations romantiques...). Toutes les scènes où il apparaît sont tout simplement mauvaises. Asia Argento ne parvient pas à incarner de façon convaincante une ingénue du début du siècle et son personnage est assez inintéressant. Quand au jeune premier, le baron Raoul, il est tout bonnement ridicule avec sa grande queue de cheval et sa barbichette de gogoth... Les conflits psychologiques entre ses trois personnages, leurs passions et leurs contradictions sont imperceptibles pour le spectateur tant les acteurs sont mal choisis.
Le scénario nous ballade d'un personnage à l'autre un peu n'importe comment. Certains apparaissent et disparaissent en dépit du bon sens (le tueur de rats qui resurgit des catacombes plusieurs jours après son accident, le journaliste...). La reconstitution historique a un certain charme, et quelques personnages secondaires sont assez rigolos (le tueur de rat, la grosse diva...). On remarque qu'Argento fait souvent référence à des classiques du cinéma italien: on pense à Senso (1954) ou Mort à Venise (1971) de Luchino Visconti pour le salon et l'opéra, mais aussi à Amarcord (1974) de Fellini pour la scène du bordel. On note que le Le fantôme de l'opéra se suit sans ennui jusqu'au deux tiers du métrage, mais à partir du moment où Christine rejoint le Éric, le spectateur perd patience... La plus grosse déception vient tout de même de la banalité de la réalisation. Le sujet prêtait pourtant à ces délires baroques qu'Argento réussit si bien (Suspiria (1977), Inferno (1980)...): malheureusement, on doit se contenter d'une image de téléfilm, laide et répétitive. Dans les scènes érotiques, on a le droit à des effets de filtre flous et mièvres, semblant sortir d'un film de David Hamilton. Seul Ennio Morricone semble avoir cru à cette histoire d'amour: il a écrit une superbe musique qui est le seul élément réellement convaincant de cette œuvre.
Bref, c'est un film raté. Argento n'est pas à l'aise dans cette reconstitution historique et dans les limites imposées par le mythe de fantôme de l'opéra. Ce réalisateur s'épanouit mieux quand le scénario laisse le plus de place possible à son imagination et à son goût pour l'horreur contemporaine.